samedi 25 février 2012

Voyage Voyage


Bon… pas évident de se lancer dans le récit de 5 semaines de voyage, de nos ressentis, nos délires à 1 peso,  nos moments d’extase, de joie, de maladie, de douleur, de fatigue. Mais je doute que ça ne vous intéresse franchement, je me contenterai donc d'exposer quelques photos de voyage au Chili, Bolivie et Pérou, pour vous faire partager ces magnifiques paysages, et de les alimenter de petites remarques ou anecdotes comme on aime.




En arrivant à Santiago, nous sommes choquées : où sont les clochards ? Le bordel ? Les vendeurs ambulants ? Les indigènes ? Les façades délabrées ? En 4 heures de vol, me voilà en Europe… ou du moins en Espagne. Nous avons compris par la suite, notamment par la testostérone en excès des chiliens, qu’il n’y avait pas d’erreur, nous étions bien en Amérique Latine. Une statue de vierge dans les hauteurs de la ville, les marchés, les « almuerzo » (déjeuner pas chers à base de soupe, viande et féculents) sont aussi des éléments communs avec le reste du continent (sauf le Brésil! ). 

Quand j'ai commencé à dire que les soirées chiliennes étaient un peu fraîches - une petite laine s'imposait - j'ai eu droit à des moqueries... Effectivement, je ne savais ce qui m'attendait par la suite. 
Santiago est une ville agréable, il faut bien l'avouer, où les batiments coloniaux contrastent avec la modernité des buildings. La quartier bohème de Bellavista vaut aussi le détour, sans oublier...les vignes bien sûr ! Comme des grandes, nous nous sommes même payées une petite visite des vignes de Concha y Toro (producteurs du fameux Casillero del Diablo ) 
(ce vin n'a pas beaucoup de goût...)

Les copines étant arrivées plus tôt que moi, et Santiago n'ayant qu'un intérêt limité, nous avons vite filé pour Valparaiso. Prix du Coup de coeur du Public à cette charmante petite bourgade bohème au bord du Pacifique. Notre nuit de déhanchements sur du jazz manouche puis sur du reggaeton a aussi fait pencher la balance ! On a TOUT donné, j'ai même cru me refaire une entorce. Et oui je l'avoue je le crie haut et fort : le reggaeton m'avait manquéééé !

(Littéralement, Hommes au travail : ce qui nous a amusé, car la productivité latinoaméricaine n'est pas impressionante. Cela dit, j'ai réalisé à quelle point les cariocas étaient - non pas des faignants je n'oserai pas - mais des bons vivants... C'est agréable à la sortie de Rio ne se faire servir un plat en moins d'une heure : )


Beaucoup trop funky cet atelier d'artistes

Valparaiso

Nous devions rejoindre San Pedro de Atacama... sans trop savoir où faire une escale entre le milieu du Chili et l'extrême Nord... On a finalement débarqué au Parc Naturel Pan de Azucar, où même les lézards ne résistent pas à l'aridité ambiante. Quand j'avais lu "Parc" j'm'attendais à quelque chose d'un peu plus vert, mais non c'est une feinte. Les plages de Bahia Inglesa nous avaient aussi séduites en photos, presque semblables aux plages dominicaines, mais en arrivant on s'est dit qu'ils avaient peut-être un peu forcé sur Photoshop. Cela dit, tellement impressionnant de voir un tel désert sur la côte ! 


Petite rando dans le désert. Seules au monde.. en compagnie deux vigognes et une bouteille d'eau. 


Après une nuit de bus (avec en bande-son des films d'action américains super cheap), arrivée à San Pedro de Atacama. Un oasis de tourisme dans le désert chilien... Enfin.. l'auberge n'a pas manqué de rappeler que nous étions en plein désert quand il s'agissait d'économie d'eau !


Vallée de la Lune, San Pedro de Atacama
Certains fifous s'amusent aussi au sandboarding (surf sur sable), mais prises par le temps (non non ce n'est pas qu'on avait peur) on a dû y renoncer !

Vallée de Mars


Et c'est ici que la partie commence vraiment. Je redoutais ce passage en Bolivie... qui ne m'inspirait plus qu'une chose : le froid. Sachant que mon unique pull et mes havaïnas n'allaient pas faire l'affaire, je fais le plein en attrapes-touristes : bonnet, moufles, écharpes, guêtres, le tout en soit-disant laine d'alpaga.


Les merveilles du Sud Lipez en Bolivie étant en plein désert, il est difficile, et surtout cher, d'entreprendre ce voyage seul.. Le passage par des agences s'impose, dont les prestations sont parfois très moyennes ! Mais nous voilà parties pour 3 jours en 4x4, en compagnie de notre cher et tendre chauffeur Pedrito-j'ai-une-moustache-et-quatre-dents-en-moins, et de deux suisses...dentistes




Laguna Verde


Laguna Colorada
Arbol de Piedras


Salar d'Uyuni

Uyuni est une ville-étape pour voir le Salar, mais qui n'a en soi que très peu d'intérêt. A moins que vous aimiez payer cher une auberge sans eau - merci l'odeur des toilettes se répandant dans toute l'auberge - avec un entretien louche de la literie, tenue par un gamin de 11 ans, vous filerez rapidement direction Potosi. 


Le Seigneur a veillé sur nous pendant notre séjour à Potosi...plus précisement à la Compania de Jesus. La gentille petite proprio nous a d'ailleurs empêché de sortir à 22h30... car dehors à cette heure-là, "il n'y a que des voleurs". 


Potosi est situé à plus de 4100m d'altitude - soit plus haute que Lhassa au Tibet - au flanc du Cerro Rico, littéralement Colline Riche, car dotées de ressources incroyables en minéraux (argent, zinc, plomb). Au 17ème siècle, Potosi était simplement la plus grande et la plus riche ville latinoaméricaine, aussi importante que Paris et Londres. Vous pensez bien, qui dit richesses minières dans une colonie espagnole dit importation d'esclaves ! Quelques 7 à 8 millions d'indiens et d'africains y ont d'ailleurs trouvé la mort... Les espagnols ont habilement réutilisé le système inca de travail forcé -  la "mita" - pour l'imposer dans les mines.  L'histoire de cette ville est donc lourde, et son impact impressionnant. Certains vont même jusqu'à expliquer l'avènement du capitalisme en Europe par la découverte de cette mine en 1545... moyen pour l'Espagne de s'endetter auprès de l'Angleterre et la France. Sur le premier blason de la cité, on pouvait lire : "je suis la riche Potosi, trésor du monde... objet de convoitise des rois". Charles Quint l' éleva d'ailleurs au rang de ville impériale.  L'argent exploité dans les mines servait notamment pour la construction de pièces d'argent, à la Casa de la Moneda. 
Mais l'histoire des mines de Potosi ne s'arrête pas au moment de l'indépendance ; l'enfer continue jusqu'à aujourd'hui, malgré le faible rendement de la colline et la difficulté croissante à  creuser dans la colline afin d'extraire des minéraux. 

Malgré de nombreuses réticences, le principal intérêt touristique de la ville est donc la visite de la mine avec des agences. Perversité occidentale à la vue de ce néoesclavagisme ou opportunité en or (pardonnez-moi) de découvrir une réalité silencieuse ? Le débat se tient. Je pense malgré tout que les ouvriers ont un intérêt au développement touristique des mines. Malgré la gêne occasionnée, ils reçoivent 30% du bénéfice et se voient offrir par les touristes des feuilles de coca (apportant énergie en altitude et coupant de la faim), coca-cola et inca-cola (si si ça existe et c'est jaune fluo)... ou encore des dynamites. Je précise d'ailleurs que le marché minier est un des rares endroits où n'importe quel gus peut se doter en dynamite.. Bon à savoir non ? 

On a donc assisté nous aussi à ce spectacle de "Germinal des temps modernes" selon le Routard (là, mes sources vous impressionnent), en suivant les boyaux étroits, pliés en deux, et dotés de bottes, combinaison et lampes torches. L'air n'est pas des plus respirables évidemment, et il faut régulièrement se coller à une paroi pour laisser les mineurs tirer leurs chariots pleins à l'aide de rails. Inutile de préciser que la durée de vie moyenne d'un mineur est courte, s'ils atteignent 50 ans c'est déjà un miracle. S'ils commencent à 14 ans, ça fait tout de même beaucoup d'heures passées dans ce charmant endroit. La mine continue en effet d'attirer ces jeunes sans avenir - qui commencent parfois dès l'âge de 4 ans à vendre des minis pierres précieuses aux touristes - car les salaires peuvent atteindre il me semble 500 dollars par mois.
Le touriste sort de là bouleversé... mais semble avoir déjà oublié cette réalité quand il se couvre de bijoux en argent le lendemain, dans la rue "artisanale" de la Paz.


Pour la transition, cimetière de Sucre
Arrivée à Sucre, où  nous sommes séduites par la douceur de vivre de cette mignonne petite ville coloniale. Sucre a tout de même longtemps été la capitale bolivienne, d'où la richesse des bâtiments, et  continue aujourd'hui à faire une certaine concurrence à la Paz au niveau politique et juridique. La ville est si segmentée, qu'entre ces beaux murs blancs, on oublie vite la pauvreté des banlieues. 
Casa de la Libertad, retraçant brièvement l’histoire bolivienne et vantant les mérites des deux héros nationaux : Bolivar et Sucre.


Notre QG : el Mercado Central de Sucre



foetus de lama, IN-DIS-PEN-SABLES pour honorer la Pachamama



Temple de Tiwanaku, civilisation bolivienne pré-inca 

 L'imposante La Paz. Beaucoup de touristes nous disent que la Paz est vilaine et sans intérêt.. Mais quelle capitale ! Impressionnant de voire la plus grande ville du pays sud-américain le plus pauvre enfermée dans cette cuvette entre les montagnes à presque 4000 mètres d'altitudes... Malgré la présence de quelques multinationales, la capitale bolivienne reste une ville-marché, où les rues sont massivement investies par des cholitas tressées plus ou moins souriantes. De mon côté, j'ai ri jaune quand j'ai réalisé que l'air était surement plus pollué qu'à l'intérieur des mines de Potosi.. Compte-tenu de la noirceur des gaz d'échappement, le masque à la japonaise s'imposerait presque, mais vu l'altitude, nos poumons galèrent. Et nous aussi. 

Par ailleurs, quelques musées intéressants ; nous avons opté pour le musée d'art contemporain.... Pas déçues de découvrir le contemporain andin ! 




Et là, je revis. Enfin la chaleur, enfin le maillot de bain ! Nous avons su nous faire plaisir en arrivant à Coroico, charmant village dans la Selva Alta, à seulement 3heures de la Paz. Le luxe à 7euros, pourquoi s'en priver ? On le regrettera par la suite quand on apprend que cela nous aura coûté de nombreuses piqûres de moustiques - mégasuperrésistantes car elles m'embêtent encore aujourd'hui - expliquant nos chevilles d'obèse le surlendemain. 


Tocaña. Unique village noir en Bolivie aux alentours de Coroico. Vous vous doutez bien que je n'y ai pas manqué ! 


Ayant perdu un des membres du groupe, nous filons à deux direction Sorata, dans la Selva, non loin du Lac Titicaca. Comme à chaque étape de notre séjour, on y rencontre des argentins dredeux venus en Bolivie pour les paysages, le coût de la vie, et surtout celui de la beue (40% de leur budget). On rencontre entre autres des péronistes ayant tous à la main des livres du Ché ou de Correa. On les aime bien quand même les ptits argentins.  Les Boliviens, eux, les aiment moins (peut-être parce qu'ils considèrent les boliviens "soumis" ?)


Petit-dej à faire la discut' aux ptites-vieilles-boliviennes-pas-si-vieilles-que-ça au marché de Sorata

 Pendant qu'on galère à faire cette rando de 6heures, d'autres se reposent. 


 Et ouais, on a vu des grottes souterraines, et on y a fait du pédalo. On était les premières surprises.



A nouveau malade, je rentre à La Paz pour prendre mon avion direction Lima – PEROU ! Je tiens à peine debout et j’ai du mal à respirer dans l’aéroport, la femme du service anti-narcotrafic se demande si je ne suis pas une mule en train de flipper. Puis me propose des médicaments… que je finis par accepter. Allongée sur deux sièges de la salle d’embarquement, le médecin débarque devant tous ces voyageurs impatientés, mais bizarrement, je retrouve de l’énergie quand il m’annonce « si vous êtes dans un état critique vous ne pourrez pas décoller » !  


(Un mois après, suite des aventures.. ) Oui, j'ai bien fini par décoller...et atterrir évidemment. Ma maladie m'a gâché une première soirée potentielle à Lima, mais heureusement s'est passé, et j'me suis bien rattrapée. J'avais choisi de prendre un vol La Paz-Lima, et d'aviser après où j'irai au Pérou... alors que je n'avais qu'une petite semaine ! Lima était une étape obligatoire, car je passais voir la copine qui habite là-bas.. et qui m'a fait découvrir ses amis, et sa nouvelle ville d'adoption, de jour comme de nuit. 


"Lima la moche", voici le doux surnom parfois donné à la capitale péruvienne. Je m'attendais à une ville si laide, que j'ai été agréablement surprise. Le quartier de Miraflores est le quartier riche de gringos et touristes, n'a pas un charme fou, mais il est agréable de s'y balader. Le quartier un peu plus bohème de Barranco est bien mignon, et surtout, le centre-ville est impressionnant. Quand Pizarro décide de construire la capitale de l'empire espagnol à Lima, il met le paquet niveau bâtiments coloniaux. Bon, comme dans beaucoup de villes latinoaméricaines, une fois qu'on quitte la Plaça de Armas, de nombreux bâtiments et immeubles auraient besoin d'un (léger) rafraîchissement, mais les façades délabrées ont leur charme aussi... Le touristes avide de découvrir plus d' "authenticité", c'est à dire, entre autres, plus de pauvreté, choisira de se perdre dans les rues de quartiers plus modestes. Pas de favelas contrôlées par les trafiquants à Lima, je n'ai pas ressenti l'insécurité du tout au Pérou, ni en Bolivie d'ailleurs, mais il y a quand même certains coins à éviter, et surtout le soir. 



Parque del Amor, Lima


Vous ne voyez pas la mer ? Elle est juste derrière pourtant.

 Leur surnom de Lima tient surtout son origine dans le climat de la ville... Etant pourtant bretonne, je n'avais jamais été aussi près de la mer sans pouvoir la voir. Lima serait parait-il une revanche des incas, qui auraient guidé le conquistador vers le seul endroit où règne un tel brouillard et une telle humidité ambiante. Une fois sorti de Lima, te voilà au milieu du désert en plein cagnard. 


Sinon, après trois semaines en Bolivie où la vie nocturne est plutôt calme - en dehors des karaokés qui font fureur -, les nuits de salsa et de reggaeton de Lima furent les bienvenues :) 

"Chili nous provoque avec des espions".  Témoignage de la haine entre péruviens et chiliens  dans les journaux (héritage de la guerre du Pacifique)
 Il me restait 4 jours au Pérou.. Un peu frustrant de devoir choisir une seule ville à visiter et d'oublier le désert, l'Amazonie, et toutes les autres villes péruviennes. On part pour Cuzco, riche en bâtiments coloniaux, mais surtout riche en tant qu'ancienne capitale inca. Faute de temps et d'argent, je crois être la seule touriste à être allé à Cuzco sans avoir fait le Machu Picchu (bon prétexte pour revenir cela-dit). 
Plaza de Armas, Cuzco

Mur inca, korikancha, Cuzco

Carte inca, korikancha


Pisaac, Vallée sacrée des Incas

La cuisson du cochon d'inde


 La chose qui tracasse le plus ma pote qui vit au Pérou : le tourisme. Le Pérou est un pays extrêmement touristique, et il y a des indispensables à voir dans ce pays riche en histoire donc difficile d'éviter ces masses de vieux américains et européens (le profil du touriste est bien différent de la Bolivie). Difficile aussi de rencontrer un péruvien à Cuzco qui soit totalement désinterressé à la vue d'une grande blanche. Pire, quand les péruviens implorent la pitié, comme toutes ces jeunes filles arrivant un lama à la main  "s'il vous plait, une photo, s'il vous plait, pour manger".


Plaza de Armas, Cuzco

Dans les environs de Cuzco, lors d'une balade à cheval improbable





Il est temps de rentrer sur Lima prendre mon petit avion... Pendant ces 20heures de bus, pas évident de dormir compte-tenu de la route et de l'allure à laquelle le conducteur file. Ca m'a permis de réaliser à quelle point...j'aimais ma vie !


Arrivée à Rio, le premier mot qui sort de ma bouche : "Mucho obrigada!" Merde, c'est officiel, je ne parle plus portugais mais portugnol. Il fait 35°C, je prends le taxi avec une vieille brésilienne qui me brief sur tous les blocs du carnaval de la journée, c'est déjà Carnavaaaou !