Bon… pas évident de se lancer dans le récit de 5 semaines de
voyage, de nos ressentis, nos délires à 1 peso, nos moments d’extase, de
joie, de maladie, de douleur, de fatigue. Mais je doute que ça ne vous
intéresse franchement, je me contenterai donc d'exposer quelques photos de
voyage au Chili, Bolivie et Pérou, pour vous faire partager ces magnifiques
paysages, et de les alimenter de petites remarques ou anecdotes comme on aime.
En arrivant
à Santiago, nous sommes choquées : où sont les clochards ? Le
bordel ? Les vendeurs ambulants ? Les indigènes ? Les façades
délabrées ? En 4 heures de vol, me voilà en Europe… ou du moins en
Espagne. Nous avons compris par la suite, notamment par la testostérone en
excès des chiliens, qu’il n’y avait pas d’erreur, nous étions bien en Amérique
Latine. Une statue de vierge dans les hauteurs de la ville, les marchés, les
« almuerzo » (déjeuner pas chers à base de soupe, viande et
féculents) sont aussi des éléments communs avec le reste du continent (sauf le
Brésil! ).
Quand j'ai
commencé à dire que les soirées chiliennes étaient un peu fraîches - une petite
laine s'imposait - j'ai eu droit à des moqueries... Effectivement, je ne savais
ce qui m'attendait par la suite.
Santiago
est une ville agréable, il faut bien l'avouer, où les batiments coloniaux
contrastent avec la modernité des buildings. La quartier bohème de Bellavista
vaut aussi le détour, sans oublier...les vignes bien sûr ! Comme des grandes,
nous nous sommes même payées une petite visite des vignes de Concha y Toro
(producteurs du fameux Casillero del Diablo )
(ce vin n'a pas beaucoup de goût...)
Les copines étant
arrivées plus tôt que moi, et Santiago n'ayant qu'un intérêt limité, nous avons
vite filé pour Valparaiso. Prix du Coup de coeur du Public à cette charmante
petite bourgade bohème au bord du Pacifique. Notre nuit de déhanchements sur du
jazz manouche puis sur du reggaeton a aussi fait pencher la balance ! On a TOUT
donné, j'ai même cru me refaire une entorce. Et oui je l'avoue je le crie haut
et fort : le reggaeton m'avait manquéééé !
(Littéralement, Hommes au travail : ce qui nous a amusé, car la productivité latinoaméricaine n'est pas impressionante. Cela dit, j'ai réalisé à quelle point les cariocas étaient - non pas des faignants je n'oserai pas - mais des bons vivants... C'est agréable à la sortie de Rio ne se faire servir un plat en moins d'une heure : )
Beaucoup trop funky cet atelier d'artistes
Valparaiso
Nous devions
rejoindre San Pedro de Atacama... sans trop savoir où faire une escale entre le
milieu du Chili et l'extrême Nord... On a finalement débarqué au Parc Naturel
Pan de Azucar, où même les lézards ne résistent pas à l'aridité ambiante. Quand
j'avais lu "Parc" j'm'attendais à quelque chose d'un peu plus vert,
mais non c'est une feinte. Les plages de Bahia Inglesa nous avaient aussi séduites
en photos, presque semblables aux plages dominicaines, mais en arrivant on
s'est dit qu'ils avaient peut-être un peu forcé sur Photoshop. Cela dit,
tellement impressionnant de voir un tel désert sur la côte !
Petite rando dans le désert. Seules au monde.. en compagnie deux vigognes et
une bouteille d'eau.
Après une nuit de bus (avec en
bande-son des films d'action américains super cheap), arrivée à San Pedro de
Atacama. Un oasis de tourisme dans le désert chilien... Enfin.. l'auberge n'a
pas manqué de rappeler que nous étions en plein désert quand il s'agissait
d'économie d'eau !
Vallée de la Lune, San Pedro de Atacama
Certains fifous
s'amusent aussi au sandboarding (surf sur sable), mais prises par le temps (non
non ce n'est pas qu'on avait peur) on a dû y renoncer !
Vallée de Mars
Et c'est ici que la partie commence vraiment. Je redoutais ce
passage en Bolivie... qui ne m'inspirait plus qu'une chose : le froid. Sachant
que mon unique pull et mes havaïnas n'allaient pas faire l'affaire, je
fais le plein en attrapes-touristes : bonnet, moufles, écharpes, guêtres, le
tout en soit-disant laine d'alpaga.
Les merveilles du Sud Lipez en
Bolivie étant en plein désert, il est difficile, et surtout cher,
d'entreprendre ce voyage seul.. Le passage par des agences s'impose, dont les
prestations sont parfois très moyennes ! Mais nous voilà parties pour 3 jours
en 4x4, en compagnie de notre cher et tendre chauffeur
Pedrito-j'ai-une-moustache-et-quatre-dents-en-moins, et de deux
suisses...dentistes
Laguna Verde |
Laguna Colorada |
Arbol de Piedras |
Salar d'Uyuni |
Uyuni est une
ville-étape pour voir le Salar, mais qui n'a en soi que très peu d'intérêt. A
moins que vous aimiez payer cher une auberge sans eau - merci l'odeur des
toilettes se répandant dans toute l'auberge - avec un entretien louche de la
literie, tenue par un gamin de 11 ans, vous filerez rapidement direction
Potosi.
Le Seigneur
a veillé sur nous pendant notre séjour à Potosi...plus précisement à la
Compania de Jesus. La gentille petite proprio nous a d'ailleurs empêché de
sortir à 22h30... car dehors à cette heure-là, "il n'y a que des
voleurs".
Potosi est situé à plus de 4100m d'altitude - soit plus haute que Lhassa au Tibet - au flanc du Cerro
Rico, littéralement Colline Riche, car dotées de ressources incroyables en
minéraux (argent, zinc, plomb). Au 17ème siècle, Potosi était simplement la plus grande et la plus riche ville latinoaméricaine, aussi importante que Paris et Londres. Vous pensez bien, qui dit
richesses minières dans une colonie espagnole dit importation d'esclaves !
Quelques 7 à 8 millions d'indiens et d'africains y ont d'ailleurs trouvé la
mort... Les espagnols ont habilement réutilisé le système inca de travail forcé
- la "mita" - pour l'imposer dans les mines. L'histoire
de cette ville est donc lourde, et son impact impressionnant. Certains vont
même jusqu'à expliquer l'avènement du capitalisme en Europe par la découverte
de cette mine en 1545... moyen pour l'Espagne de s'endetter auprès de
l'Angleterre et la France. Sur le premier blason de la cité, on pouvait lire : "je suis la riche Potosi, trésor du monde... objet de convoitise des rois". Charles Quint l' éleva d'ailleurs au rang de ville impériale. L'argent exploité dans les mines servait notamment
pour la construction de pièces d'argent, à la Casa de la Moneda.
Mais l'histoire des mines de Potosi ne s'arrête pas au moment de
l'indépendance ; l'enfer continue jusqu'à aujourd'hui, malgré le faible
rendement de la colline et la difficulté croissante à creuser dans la
colline afin d'extraire des minéraux.
Malgré de nombreuses réticences, le principal intérêt touristique
de la ville est donc la visite de la mine avec des agences. Perversité
occidentale à la vue de ce néoesclavagisme ou opportunité en or (pardonnez-moi) de
découvrir une réalité silencieuse ? Le débat se tient. Je pense malgré tout que
les ouvriers ont un intérêt au développement touristique des mines. Malgré la
gêne occasionnée, ils reçoivent 30% du bénéfice et se voient offrir par les
touristes des feuilles de coca (apportant énergie en altitude et coupant de la
faim), coca-cola et inca-cola (si si ça existe et c'est jaune fluo)... ou
encore des dynamites. Je précise d'ailleurs que le marché minier est un des
rares endroits où n'importe quel gus peut se doter en dynamite.. Bon à savoir
non ?
On a donc assisté nous aussi à ce spectacle de "Germinal des
temps modernes" selon le Routard (là, mes sources vous impressionnent), en
suivant les boyaux étroits, pliés en deux, et dotés de bottes, combinaison et
lampes torches. L'air n'est pas des plus respirables évidemment, et il faut
régulièrement se coller à une paroi pour laisser les mineurs tirer leurs
chariots pleins à l'aide de rails. Inutile de préciser que la durée de vie
moyenne d'un mineur est courte, s'ils atteignent 50 ans c'est déjà un miracle.
S'ils commencent à 14 ans, ça fait tout de même beaucoup d'heures passées dans
ce charmant endroit. La mine continue en effet d'attirer ces jeunes sans avenir - qui
commencent parfois dès l'âge de 4 ans à vendre des minis pierres précieuses aux
touristes - car les salaires peuvent atteindre il me semble 500 dollars par
mois.
Le touriste sort de là bouleversé... mais semble
avoir déjà oublié cette réalité quand il se couvre de bijoux en argent le
lendemain, dans la rue "artisanale" de la Paz.
Pour la transition, cimetière de Sucre |
Arrivée à Sucre, où nous sommes séduites
par la douceur de vivre de cette mignonne petite ville coloniale. Sucre a tout
de même longtemps été la capitale bolivienne, d'où la richesse des bâtiments, et continue aujourd'hui à faire une certaine concurrence à la Paz au niveau politique et juridique. La ville est si segmentée, qu'entre ces beaux murs blancs, on oublie vite la pauvreté des banlieues.
Casa de la Libertad, retraçant brièvement l’histoire bolivienne et vantant les mérites des deux héros nationaux : Bolivar et Sucre. |
A nouveau malade, je rentre à La
Paz pour prendre mon avion direction Lima – PEROU ! Je tiens à peine
debout et j’ai du mal à respirer dans l’aéroport, la femme du service
anti-narcotrafic se demande si je ne suis pas une mule en train de flipper.
Puis me propose des médicaments… que je finis par accepter. Allongée sur deux
sièges de la salle d’embarquement, le médecin débarque devant tous ces
voyageurs impatientés, mais bizarrement, je retrouve de l’énergie quand il m’annonce
« si vous êtes dans un état critique vous ne pourrez pas décoller » !
(Un mois après, suite des aventures.. ) Oui, j'ai bien fini par décoller...et atterrir évidemment. Ma maladie m'a gâché une première soirée potentielle à Lima, mais heureusement s'est passé, et j'me suis bien rattrapée. J'avais choisi de prendre un vol La Paz-Lima, et d'aviser après où j'irai au Pérou... alors que je n'avais qu'une petite semaine ! Lima était une étape obligatoire, car je passais voir la copine qui habite là-bas.. et qui m'a fait découvrir ses amis, et sa nouvelle ville d'adoption, de jour comme de nuit.
"Lima la moche", voici le doux surnom parfois donné à la capitale péruvienne. Je m'attendais à une ville si laide, que j'ai été agréablement surprise. Le quartier de Miraflores est le quartier riche de gringos et touristes, n'a pas un charme fou, mais il est agréable de s'y balader. Le quartier un peu plus bohème de Barranco est bien mignon, et surtout, le centre-ville est impressionnant. Quand Pizarro décide de construire la capitale de l'empire espagnol à Lima, il met le paquet niveau bâtiments coloniaux. Bon, comme dans beaucoup de villes latinoaméricaines, une fois qu'on quitte la Plaça de Armas, de nombreux bâtiments et immeubles auraient besoin d'un (léger) rafraîchissement, mais les façades délabrées ont leur charme aussi... Le touristes avide de découvrir plus d' "authenticité", c'est à dire, entre autres, plus de pauvreté, choisira de se perdre dans les rues de quartiers plus modestes. Pas de favelas contrôlées par les trafiquants à Lima, je n'ai pas ressenti l'insécurité du tout au Pérou, ni en Bolivie d'ailleurs, mais il y a quand même certains coins à éviter, et surtout le soir.
Leur surnom de Lima tient surtout son origine dans le climat de la ville... Etant pourtant bretonne, je n'avais jamais été aussi près de la mer sans pouvoir la voir. Lima serait parait-il une revanche des incas, qui auraient guidé le conquistador vers le seul endroit où règne un tel brouillard et une telle humidité ambiante. Une fois sorti de Lima, te voilà au milieu du désert en plein cagnard.
Sinon, après trois semaines en Bolivie où la vie nocturne est plutôt calme - en dehors des karaokés qui font fureur -, les nuits de salsa et de reggaeton de Lima furent les bienvenues :)
Il me restait 4 jours au Pérou.. Un peu frustrant de devoir choisir une seule ville à visiter et d'oublier le désert, l'Amazonie, et toutes les autres villes péruviennes. On part pour Cuzco, riche en bâtiments coloniaux, mais surtout riche en tant qu'ancienne capitale inca. Faute de temps et d'argent, je crois être la seule touriste à être allé à Cuzco sans avoir fait le Machu Picchu (bon prétexte pour revenir cela-dit).
La chose qui tracasse le plus ma pote qui vit au Pérou : le tourisme. Le Pérou est un pays extrêmement touristique, et il y a des indispensables à voir dans ce pays riche en histoire donc difficile d'éviter ces masses de vieux américains et européens (le profil du touriste est bien différent de la Bolivie). Difficile aussi de rencontrer un péruvien à Cuzco qui soit totalement désinterressé à la vue d'une grande blanche. Pire, quand les péruviens implorent la pitié, comme toutes ces jeunes filles arrivant un lama à la main "s'il vous plait, une photo, s'il vous plait, pour manger".
Il est temps de rentrer sur Lima prendre mon petit avion... Pendant ces 20heures de bus, pas évident de dormir compte-tenu de la route et de l'allure à laquelle le conducteur file. Ca m'a permis de réaliser à quelle point...j'aimais ma vie !
Arrivée à Rio, le premier mot qui sort de ma bouche : "Mucho obrigada!" Merde, c'est officiel, je ne parle plus portugais mais portugnol. Il fait 35°C, je prends le taxi avec une vieille brésilienne qui me brief sur tous les blocs du carnaval de la journée, c'est déjà Carnavaaaou !
(Un mois après, suite des aventures.. ) Oui, j'ai bien fini par décoller...et atterrir évidemment. Ma maladie m'a gâché une première soirée potentielle à Lima, mais heureusement s'est passé, et j'me suis bien rattrapée. J'avais choisi de prendre un vol La Paz-Lima, et d'aviser après où j'irai au Pérou... alors que je n'avais qu'une petite semaine ! Lima était une étape obligatoire, car je passais voir la copine qui habite là-bas.. et qui m'a fait découvrir ses amis, et sa nouvelle ville d'adoption, de jour comme de nuit.
"Lima la moche", voici le doux surnom parfois donné à la capitale péruvienne. Je m'attendais à une ville si laide, que j'ai été agréablement surprise. Le quartier de Miraflores est le quartier riche de gringos et touristes, n'a pas un charme fou, mais il est agréable de s'y balader. Le quartier un peu plus bohème de Barranco est bien mignon, et surtout, le centre-ville est impressionnant. Quand Pizarro décide de construire la capitale de l'empire espagnol à Lima, il met le paquet niveau bâtiments coloniaux. Bon, comme dans beaucoup de villes latinoaméricaines, une fois qu'on quitte la Plaça de Armas, de nombreux bâtiments et immeubles auraient besoin d'un (léger) rafraîchissement, mais les façades délabrées ont leur charme aussi... Le touristes avide de découvrir plus d' "authenticité", c'est à dire, entre autres, plus de pauvreté, choisira de se perdre dans les rues de quartiers plus modestes. Pas de favelas contrôlées par les trafiquants à Lima, je n'ai pas ressenti l'insécurité du tout au Pérou, ni en Bolivie d'ailleurs, mais il y a quand même certains coins à éviter, et surtout le soir.
Parque del Amor, Lima |
Vous ne voyez pas la mer ? Elle est juste derrière pourtant. |
Leur surnom de Lima tient surtout son origine dans le climat de la ville... Etant pourtant bretonne, je n'avais jamais été aussi près de la mer sans pouvoir la voir. Lima serait parait-il une revanche des incas, qui auraient guidé le conquistador vers le seul endroit où règne un tel brouillard et une telle humidité ambiante. Une fois sorti de Lima, te voilà au milieu du désert en plein cagnard.
Sinon, après trois semaines en Bolivie où la vie nocturne est plutôt calme - en dehors des karaokés qui font fureur -, les nuits de salsa et de reggaeton de Lima furent les bienvenues :)
"Chili nous provoque avec des espions". Témoignage de la haine entre péruviens et chiliens dans les journaux (héritage de la guerre du Pacifique) |
Plaza de Armas, Cuzco |
Mur inca, korikancha, Cuzco |
Carte inca, korikancha |
Pisaac, Vallée sacrée des Incas |
La cuisson du cochon d'inde |
Plaza de Armas, Cuzco |
Dans les environs de Cuzco, lors d'une balade à cheval improbable |
Il est temps de rentrer sur Lima prendre mon petit avion... Pendant ces 20heures de bus, pas évident de dormir compte-tenu de la route et de l'allure à laquelle le conducteur file. Ca m'a permis de réaliser à quelle point...j'aimais ma vie !
Arrivée à Rio, le premier mot qui sort de ma bouche : "Mucho obrigada!" Merde, c'est officiel, je ne parle plus portugais mais portugnol. Il fait 35°C, je prends le taxi avec une vieille brésilienne qui me brief sur tous les blocs du carnaval de la journée, c'est déjà Carnavaaaou !