samedi 26 novembre 2011

Copacanema







Qui dit touristes, dit vendeurs de cacahuètes (au sens propre et figuré d'ailleurs)



(La serviette de plage n'existe pas à Rio)






Copacabana saura toujours te surpendre... Duo violon/beat box




Avoir comme seul toit un palmier..








Motel pas cher

Face à la mer, j'aurai pu grandir..



Copacabana. Il suffit de prononcer ce mot, pas besoin d’en dire plus ; il veut déjà tout dire. On y trouve toutes les caricatures (où presque) du Brésil  que vous connaissez bien : soleil, palmiers, filles en string, groupes de samba, noix de coco, joueurs de « futbol » sur la plage. Et c’est çaaaa qu’est bon ! Surtout quand on habite à 50 mètres de la plage.

Copacabana c’est comme la Côte d’Azur ou la Floride ; il ne faut pas oublier toutes les ptites vieilles habillant leur caniche ac des jupes et/ou des chaussons ! Ici, se croisent les destins des mamies, des touristes, des jeunes cadres, des groupes de gamins noirs trainant dans la rue ou sur la plage, des prostituées et des clochards… sans oublier les sportifs bien sûr !

C’est le lieu privilégié du culte du corps à la brésilienne… (Certes, entre nous, toutes les filles ne sont pas d’exotiques sirènes, et parfois, je me retrouve à penser : « ce serait pô du luxe si elle mettait un slip à la place d’un string celle-là… ») Mais Copa est le royaume de l’apparence et de l’exhibition dont les principales règles sont : voir et être vu. En un mot : « paquerar » (draguer, mater). Tu ne vas pas à la plage pour te baigner (d’ailleurs les vagues sont tellement fortes que tu peux oublier tes cours de natation), tu y vas soit près des surfeurs, soit près du terrain de volley. Tu vas faire un footing pour t’entretenir… mais surtout pour montrer à ces virils torses que, toi aussi, tu t’entretiens. L’académia – le club de fitness – fait fureur à Copa ; tous ceux qui peuvent se le payer - ou presque-  n’hésitent pas à payer entre 50 et 100 euros mensuels pour la salle de fitness, et une vingtaine d’euros pour les manucures et pédicures de Madame…

... Et histoire de bien commencer la semaine, le dimanche, alors que l’Avenida Atlântica est fermée à la circulation, les plages de Copacabana et Ipanema sont envahies par tous les cariocas qui se retrouvent dans cette joyeuse folie... qui fait de Rio de Janeiro la Cidade Maravilhooosa !!!

Pourtant cher Copacabana, laisse moi te dire un secret : « tu dois maintenant te mettre à l’évidence : Ipanema t’a volé la vedette.  Un point c’est tout. »


Uma cervejinha ao pôr do sol da praia de Ipanema







lundi 14 novembre 2011

Une histoire avec des méchants, des gentils, des armes, et de la drogue.



L’invasion de la Rocinha-  une des plus grandes favela d’Amérique latine avec quelques 120 000 habitants-, de Vidigal et de Chacara do Céu, dans la zone Sud de Rio, attire l’attention des médias cariocas et du monde entier. Si ce n’est que la 19ème favela a faire l’objet d’une opération de pacification, la Rocinha est emblématique, et nécessite d’un contingent massif (comparable à l’occupation du complexo do Alemão l’année dernière). L’intervention s’est faite parait-il sans coups de feu … l’annonce de l’événement faite à priori aurait permis aux méchants trafiquants de quitter la favela avant de se retrouver dans les gros bras armés des policiers militaires.

Revenons rapidement sur l’histoire de ce pouvoir parallèle qui régnait le morro depuis plusieurs décennies… car – ne nous le cachons pas – on est tous si friands des histoires de trafiquants qu’on ne se lasse pas des films sur le sujet ! (Franchement, qui ne s’est jamais pris pour Le Parrain devant sa glace au moins une fois dans sa vie ?)

Rocinha a connu dans son histoire 3 PATRONS (à prononcer à l'italienne) : Dênis, Lulu et Nem. Dênis ayant mis en place un trafic à grande échelle, il régnait dans la favela de manière absolue dans les années 1980 et 1990. Planqué à Tijuca (zone Nord), il gérait les négoces à distance ; et son incarcération en 1987 ne l’a pas empêché d’ « administrer son territoire ». Aucun scrupule d’enrôler des gamins soldats, business oblige. Pourtant, sa mort en 2001 – pendu dans sa cellule par ses chers compagnons de taule – annonça le début d’une guerre des gangs, quand son neveu – Lulu- quitta le Comando Vermelho pour s’allier aux ADA, Amigos dos Amigos. En 2004, o Lulu (ADA) et o Dudu (CV) s’enfrontèrent à Rocinha et Vidigal pendant 4 longs mois, jusqu’à ce que la police s’en mêle, tue Lulu et expulse Dudu.
C’est le fameux Nem qui repris l’affaire jusqu’à ce qu’il soit fait prisonnier jeudi dernier. Et oui, pour une fois, les policiers militaires auraient refusé les pots-de-vin des trafiquants en tentative de fuite. (Bien sûr, quelques collègues avaient aidé à organiser la fuite, on est au Brésil tout de même).


Pour les amateurs de détails croustillants ; je continue l’histoire de la fuite d’Antonio Francisco Bonfim Lopes – plus connu sous le pseudonyme de Nem-, retrouvé par le bataillon spécial de la police militaire dans le coffre d’une voiture à la sortie de Rocinha et fait prisonnier le 10 Novembre dernier. Mais qui conduisait la voiture ? L'ambassadeur  du Congo en compagnie d'un de ses fonctionnaires et son avocat ? Qu'est ce qu'ils foutaient là eux ? Habile tentative de falsification d’identité des trafiquants, mais l’ambassade congolaise a rapidement annoncé qu’aucun de ses représentants ne se trouvait en terre carioca. Le trio de « congolais » refusa aux policiers militaires une fouille du véhicule ; sous couvert d’une immunité diplomatique. Les flics ont donc escorté le véhicule jusqu’à la Police Fédérale. Sur le chemin, les trafiquants ont bien essayé de refiler un million de reais aux policiers pour s’enfuir discrètement… et c'est là que les PMs ont ouvert le coffre de la voiture, où se planquait allègrement Nem, au milieu de soixante mille reais et cinquante mille euros.


L’occupation de la favela par les forces de l’ordre fait trembler l’empire Rocinha S/A, à l’origine de flux de 2 millions de reais (soit presque un million d’euros) chaque semaine. Bien sûr, l’économie informelle de Rocinha ne se limite pas à ses grands patrons ; il ne faut pas oublier toutes les petites mains qui survivent de ce trafic. Rocinha était réputée pour bien payer ses jeunes « endoladores », qui touchaient un salaire hebdomadaire moyen de 200 reais pour emballer de l’herbe et de la cocaïne, contre 50 reais ailleurs. Dans la raffinerie, qui pouvait générer quelques 250kilos de coc’, 15 personnes touchaient jusqu’à 1500 reais hebdomadaires.  Sans compter les lieux de prostitution, une clinique à avortements, des agences de tourisme, les mototaxis et vans.


Quel objectif se cache derrière ce déploiement choc de 3000 MPs et militaires fédéraux ? Offrir la sécurité à tous ces citoyens démunis ? Probablement, mais si c’était le seul objectif, peut-être les pouvoirs publics essaieraient-ils de lutter plus activement contre la corruption et la relative violence des 18 autres UPP (Unités de Police Pacificatrice), dont l'action divise les habitants. Surtout, ils se seraient attaqués au problème depuis bien longtemps, et n'auraient pas oublié de nombreuses favela de la zona norte. C'est loin d'être un secret, l’enjeu pour Sergio Cabral, gouverneur de l’Etat de Rio, et son secrétaire à la sécurité publique, José Mariano Beltrame, est surtout de prouver au monde entier que la Coupe du monde 2014, les Jeux Olympiques en 2016, la conférence des Nations Unies Rio+ 20, etc, ne se dérouleront pas dans un contexte d’insécurité ! Il faut en finir avec le trafic et la violence trop visibles ! Soyez rassurés petits français donc, vous pouvez prendre vos billets Paris-Rio en toute tranquilité..

Malgré l’amour inconditionnel des cariocas pour le « futbol », ils semblent décidemment lassés de voir la Coupe du monde aspirer toutes les ressources publiques… du moins celles qui ne sont pas restées dans les poches des politiques. 


vendredi 11 novembre 2011

Foule sentimentale


Bon, ça fait déjà.. non je ne veux pas compter, mais plusieurs mois que je suis ici, et je n’ai toujours pas parlé… des brésiliens ? Du fameux mythe des brésiliens séducteurs ? Entre nous, je peux vous confier que ce n'est pas vraiment un mythe. Les déclarations d’amour tout comme les propositions sexuelles vont aussi vite que les tirs de balle au Yémen. Il suffit d’aller au marché pour faire l'objet de deux ou trois déclarations d’amour (normal, ils veulent me persuader de leur acheter leurs bananes) ou d’aller courir une heure à Copacabana en heure de pointe pour avoir le droit à des cœurs dessinés sur le pare-brise, trois/quatre « você é linda » (tu es jolie) et surtout… SURTOUT approximativement 136 mecs te matant explicitement le bunda (j’imagine que le nombre d’accidents à copa doit être élevé, ils paraissent assez vite distraits). Idéal pour la Bridget Jones qui vient de se faire larguer et qui à besoin de se remonter le moral !

Ici, ils n’hésitent pas à mettre le paquet ; une, deux trois couches et retartiner un peu le tout ; et je vous laisse imaginer ce que ça donne dans les novelas, où toutes les émotions sont sur-jouées ! Les brésiliens vivent tout à 200%... ce qui laisse malheureusement peu de place à l’implicite et au mystère. Bref, on est à des années lumières de la délicatesse de Chow Mo-wan et Chan Li-zhen dans ’’In the Mood for Love ». Au Brésil, un petit sourire discret n’est pas rire, rien de mieux qu’une franche rigolade ! Quant aux baisers… ils n’y vont pas de bouche morte.

Embrasser un brésilien peut être une vraie aventure en soi ; expérience non conseillée pour toutes demoiselles mineures, fragiles ou présentant des facteurs aggravants. Attention de ne pas perdre la lèvre inférieure dans l'affaire, pour cause de morsures à répétition ! Mais la salive aurait parait-il des vertus cicatrisantes donc, finalement, vous pouvez peut-être en ressortir en parfaite santé. Une petite machine à laver 60° et la soirée repart de plus belle ! Par ailleurs, il faut avoir l’œil, car ici, l’appareil dentaire jouit d’une certaine popularité, et pas seulement chez les 10-14 ans. Attention donc aux mauvaises surprises. 
(Rien à voir, mais pour une vidéo de quelques minutes sur le baiser réalisé par un israélien, je vous invite à cliquer : http://www.arte.tv/fr/content/tv/02__Universes/U1__Comprendre__le__monde/02-Magazines/18_20CUT_20UP/02_20Emissions/2010/2010.01.19_20Le_20plaisir/02_20VID_20REPORT_20Plaisir/3026484.html#0)


Dans un lieu public, en boîte ou en petit comité, par sécurité, le mâle riche en hormones tout comme la femelle doivent marquer leur territoire… mains sur les fesses, et roulages de pelle s’imposent donc. Je ne pense d'ailleurs pas que « pudicité » se traduise en portugais… Il y a une heure sur la plage, un brésilien devant moi avait littéralement la tête dans les (imposantes) fesses de sa gonzesse (en string) pour lui étaler de l’huile. La base. J’dois avouer, que des fois, avec les copains gringos, on s’amuse bien du spectacle qui s’offre à nous !

Dans leurs approches, certains sont évidemment plus distingués que d’autres… Le pire étant dans les baile funk (je parlerai de ce cas plus tard) où métaphores et poésies ne sont pas pratiques courantes. Dans le genre vulgos, «bonitiiiinha » (avec un regard montrant qu’il est affamé) est pas mal ; mais le plus raffiné qu’on m’ait sorti pour l’instant reste : « pff… Je suis obligé de danser avec toi pour te baiser ? » !
Pourtant, la majorité des jeunes brésiliens vivent chez papai et mamãe ; tant pour des considérations financières que culturelles je suppose. Ce n’est pas donc si facile de ramener à la maison la pêche du soir… tout comme il n’est pas évident pour les « namorados » de se voir tranquillement ! Namorado est un mignon petit mot pour qualifier le « copain », le « mec », dans une relation de long terme, contrairement au ficante  qui n’annonce rien de bien sérieux. Les  ficantes  et namorados se retrouvent donc bien souvent au motel, qui ne se paye pas à la nuit… mais à la minute !  Le plus rapidement donc Monsieur se vide les bourses, le moins il déboursera à la caisse ! Mais, ne cumulons pas les exagérations, il lui arrive d’avoir beaucoup de considération pour Madame… Il lui fera dans ce cas le privilège de lui offrir une nuit entière dans ce temple d’Aphrodite.

 Rassurez-vous pourtant, les cariocas ne sont pas que de vulgaires bêtes de sexe... J'aime à dire que c'est un peuple sentimental  ; je suppose que le soleil, la samba et la religion réchauffent les cœurs brésiliens qui débordent d’amoooour ! 


(Veloso Moreno, Déesse de l'Amour)


Et après tout, recevoir toute l’attention d’hommes viriles ravis d’être en compagnie d’une française - forcément chic et de « Parich » - n’est pas si désagréable, n’est-ce pas ?